Que veux tu... nous faisons une grande consommation de chats chez nous...Je ne compte pas les années où les deux premiers sont restés dans mon appartement parisien, je compte les années à partir du moment, où, confrontés à la Nature, avec un grand N, des rues, des bagnoles, et des gens mauvais, j'ai pu observer que l'espérance de vie chute considérablement
En 8 ans donc, Gaston est notre cinquième chat. Il arrive après :
Il y eu d'abord Duma, dite la Grosse, seule témoin de mes dernières années de célibataire parisienne, et qui n'a pas aimé l'arrivée du futur papa de mon fils. Elle a bien tenté de le lui faire comprendre à plusieurs reprises en lui enfonçant crocs et griffes dans les mollets, puis, après un grand coup de pied chaussé de Timberland, elle a renoncé.
Parisienne depuis 6 ans, elle s'était néanmoins remarquablement habituée à notre grand jardin bordelais.
Tellement qu'elle s'est faite écrasée lorsque nous sommes arrivés dans notre deuxième maison.
Un soir d'automne la voisine sonne :
"Bonsoir, il y a votre chatte sur la route"
"Ah super, je la cherchais !"
"oui mais euh....vous devriez venir voir...."
et paf le chat.
Mon fils avait 3 ans et demi, il mangeait ses pâtes en babillant. J'étais seule.
Je n'ai pas eu le courage de lui dire.
Je l'ai enterrée le lendemain au fond du jardin, sous la pluie.
Popeye, le plus gentil des chats qu'on ait eu (une peluche vivante) a patienté un an, avant de s'étouffer en tentant de vomir un énorme boudin de poils. C'est ma faute, ma très grande faute (parfois le dimanche quand j'ai le temps je me flagelle), je ne l'avais pas habitué à être brossé, et il détestait ça (t'as vu le poil qu'il avait hein ? croisé persan et norvégien, forcément ça fait un peu de poils).
En même temps, je ne pouvais pas deviner que ça l'étoufferait non plus.
Mon fils avait 5 ans, il adorait son chat, il partait ce soir là chez son papa.
Le courage m'a aussi manqué, j'ai attendu son départ, puis enterré Popeye, toujours au fond du jardin, et en janvier... la terre est gelée.
Ah ça, crois moi, je me suis bien marrée pour creuser le trou.
Eh, eh....Zorro est arrivééééé. Espiègle et plein de puces. Première fois que je passais le peigne fin sur un chat.
Suivi de près par Mina, qui m'a appris à parler chat. Je miaulais, elle me répondait immanquablement. C'était la seule façon de la trouver dans la maison, tellement elle se planquait. Jusque dans le tiroir du four de la gazinière....Une fois habituée à nous, elle est devenue hyper câline, trop même. Un pot de glu.
Mina a disparu au bout d'un an.
Un soir elle n'est pas rentrée.
On préfère imaginer qu'elle a été volée, ou qu'elle a préféré une autre maison, mais dans le fond, on y croit pas vraiment...
Puis nous avons eu une guest star pendant un an, Mimi, qui n'aimait pas la sienne de maison et qui, devenu très pote avec Zorro, a décidé de s'installer chez nous. C'était un grand chat noir aux yeux verts, très classe, très discret, très poli, avec un ridicule collier à clochette qu'on s'est empressé de lui ôter. C'est plus fort que nous, on ne supporte pas les colliers sur un chat.
Jusqu'à ce que son connard de maître le kidnappe et l'embarque dans son déménagement sans rien nous dire. Mon fils a eu beaucoup de peine. On a réfléchi un moment à l'idée de monter une expédition pour le re-kidnapper à notre tour, mais on avait pas l'adresse...juste la ville, Bruges (ami lecteur de Bruges, fais moi signe si tu le connais, on arrive...)
Bon, finalement Zorro a duré quand même. Il a même battu le record jusqu'à présent de la durée de vie d'un chat en maison chez nous. Presque cinq ans.
Et un soir de ce printemps, je l'ai retrouvé étendu dans le garage.
Certainement empoisonné.
Jusqu'à Zorro, j'avais fait en sorte de ne pas faire participer mon fils aux enterrements, Je prétextais que j'avais trouvé les chats, pendant qu'il était chez son papa.
Je craignais que la vue du chat mort, ne le traumatise....
Cette fois ci, j'ai préféré qu'il sache, qu'il voit, je pressentais que c'était nécessaire.
Zorro fut donc enterré par mon fils et son père dans le potager (il était temps que les mecs prennent la relève). Le gros chagrin a duré deux ou trois jours, et puis s'est passé.
Il faut dire que ça fait longtemps que je le briefe avec la faible probabilité qu'il voit son chat durer 15 ans. Il sait que la vie d'un chat peut être courte : petite bestiole, petit cerveau, grandes rues, grosses voitures. Et puis, surtout, un chat c'est libre.
Hors de question de l'enfermer.
Et le prix de la liberté est parfois un peu élevé.
Ca n'empêche pas les larmes, ni de parler des chats qui nous ont accompagnés et qu'on regrette, mais le chagrin passe plus vite.
Et puis un jour, on prend un autre chat. On dit qu'on veut une femelle (parce que Zorro, quoique que très sympa et castré, pissait quand même tout autour de la maison), et qu'on attendra septembre.
Et on craque pour un mâle, à deux mois des grandes vacances....
D'ailleurs, comment ne pas craquer ?
C'est la première fois qu'on expérimente un chaton dont les moments d'hystérie durent quatre heures. Cela occasionne quelques larmes pour cause de griffures intempestives, quelques jurons de ma part, parce que je ne peux pas être en cuisine, sans qu'il se mette en tête de me grimper le long des jambes à la force de ses griffes, mais sinon, c'est une machine à ronron, et quand il dort....il dort, parfaitement abandonné à nos caresses..
Au passage, je te laisse apprécier l'humour de mon fils ! (hé les mémés à chats, c'est du montage hein, pas du vrai....)
Signé : Ben
Edit en aout : figure toi que j'ai découvert que cet article avait déclenché une polémique sur des forums de mémés à chats (tu sais des bonnes femmes qui sont mamans de chats, marraines de chats, avec des petits chats qui scintillent et des coeurs partout....). Tout est pris au premier degré dis donc ! Et je suis même blacklistée de l'association pour laquelle j'ai fait de la pub (que j'ai enlevé, tant pis pour eux) !!!
Hé ho, les mémés....ça va pas la tête ? Je ne maltraite pas les chats ! Vous croyez que ça m'amuse de les enterrer ?? Faut être idiotes pour ne pas voir l'hommage que je leur rends. Je préfère le raconter à ma façon, plutôt qu'en larmoyant.
Chacun son truc.
C'est moche de ne pas avoir d'humour.
La vérité, c'est que j'adorerai les avoir tous autour de moi, parce que j'ai eu des chats géniaux, mais voilà, dans mon quartier citadin, il y a des voitures, des gens qui n'aiment pas les chats, des chats qui disparaissent. C'est comme ça. Et je ne vais pas commencer à séquestrer mes chats pour mon plaisir et les priver de liberté.
Et plutôt que de ne plus avoir de chat, et de faire croire à mon fils qu'on vit dans un monde de bisouchats , je lui explique la vraie vie. Parce que même si je les aime, les chats sont des animaux et je ne suis pas complètement gâteuse. Je réserve ça et mes angoisses à mon fils. C'est déjà bien assez.
Et pour ceux que ça intéresse, Gaston, après un stage de trois semaines chez une copine pendant mes vacances pluvieuses, a parfait son éducation avec un gros siamois qui ne rigolait pas, et qui lui a sans doute mis des baffes à chaque tentative de morsure ou de griffure. Du coup, il nous est revenu, doux comme un agneau. Pourvu que ça dure !! (oui je sais les mémés, je l'ai abandonné trois semaines...je me flagellerai quand j'aurais le temps).